Le substrat

Avertissement : Cet article n’est pas exhaustif et ne représente pas LA meilleure méthode de culture, il est issue de mon expérience et de celle acquise auprès d’autres cultivateurs. Chacun possède sa méthode et les résultats qui vont avec.

Comprendre les besoins des Cycadales

Avant d’aborder le choix d’un substrat, il est nécessaire de comprendre les exigences des Cycadales afin d’essayer d’y répondre.

Une erreur fréquente lorsqu’on cultive des plantes exotiques est de vouloir se rapprocher le plus possible des conditions naturelles dans lesquelles elles poussent. Il est important de garder à l’esprit qu’une plante ne pousse pas à un certain endroit car les conditions y sont idéales mais parce qu’elle y est compétitive face aux autres plantes. Ainsi, on va retrouver des espèces telles que Cycas tropophylla sur des falaises verticales au Vietnam ou d’autres espèces soumises à des incendies fréquents. Or, ces conditions sont loin d’être idéales, les falaises verticales étant très pauvres en sol et les feux fréquents sont un facteur de stress important. Ce qui fait que les Cycadales sont compétitives, c’est leur résilience : leur longévité et leur capacité à avoir une croissance extrêmement lente lorsque les conditions sont suboptimales. Les Cycadales sont donc compétitives par rapport aux autres plantes dans ces milieux mais sont très loin d’être à leur optimum concernant leur croissance.

Si les Cycadales pouvaient « choisir », elles pousseraient probablement dans des sols riches dénués de contraintes telles que la sécheresse ou l’escarpement. D’ailleurs, on remarque qu’en culture, les Cycadales poussent beaucoup plus rapidement qu’en milieu naturel et se reproduisent à une taille plus faible (car pour la maturité des Cycadales on ne raisonne pas en âge mais en taille de caudex, lorsque ce dernier est suffisamment gros pour supporter la production de graines).

Dans des conditions suboptimales de culture, une plante peut garder les mêmes dimensions pendant plusieurs décennies. On voit par exemple des spécimens de Cycas revoluta en pot depuis 25 ans et ayant un caudex d’à peine 30cm de haut alors qu’à cet âge il pourrait facilement dépasser le mètre. A l’inverse, en milieu tropical, des espèces telles que Cycas chamaoensis peuvent croître de manière très rapide, en atteignant 1-1,5 mètre de tronc en seulement 5 ans.

Ces plantes étant tolérante à de nombreux facteurs de stress elles sont donc très adaptables en ce qui concerne leur culture hors de leur milieu. On peut utiliser une très grande variété de substrat mais il faut garder à l’esprit que le paramètre le plus important est le drainage. Il est difficile d’obtenir de bons résultats de culture avec un substrat peu drainant.

Un substrat drainant signifie que l’eau s’écoule très rapidement à travers. Lors de l’arrosage l’eau ne doit pas stagner mais ressortir rapidement en bas du pot.

Substrat pour la culture en pot

Comme vu précédemment, les Cycadales sont des plantes très adaptables en ce qui concerne leur substrat du moment qu’il est drainant.

Chaque cultivateur possède sa propre recette de substrat, certain employant des mélanges très organiques, d’autres très minéraux (voir même en hydroponie)

En climat tempéré, une des principales menaces est la pourriture racinaire liée à des températures basses, un faible drainage et la matière organique qui héberge de nombreux champignons. Ainsi, il est préférable d’employer un substrat à forte teneur minérale (même si de très bon résultats peuvent être obtenus avec des substrats organiques).

Un autre paramètre à prendre en compte est celui de l’humidité retenue dans le substrat. On considère souvent à tort que les Cycadales sont des plantes de milieu sec, notamment les Cycas australiens où les Encephalartos sud-africains. Encore une fois, l’habitat n’est pas synonyme d’idéal pour la plante. Les Cycadales ont besoin d’eau et en aucun cas les racines ne doivent sécher. L’arrosage peut alors être délicat lorsque le substrat est très organique (forte rétention en eau et possible asphyxie des racines) ou très minéral (dessèchement rapide et mort des racines provoquant des points d’entrée pour les champignons pathogènes).

Un substrat peut être adéquat mais il est nécessaire d’apprendre à connaître les réactions des plante face à celui ci. Seule l’expérience avec un substrat dans des conditions climatiques données permet d’obtenir de bons résultats.

Les plantes que je propose sur le site sont toutes cultivées dans le même substrat qui est composé de pumice (pierre ponce) et de tourbe de coco dans des pourcentages variables selon les espèces. Ce substrat est pauvre en nutriments, c’est pourquoi un apport d’engrais est indispensable. Cependant il offre de bons résultats avec un bon développement racinaire. Un avantage de ce substrat est qu’il n’a pas la même couleur lorsqu’il est sec et lorsqu’il est humide, il est donc plus facile de gérer les arrosages. Le fait que la pumice soit poreuse permet de retenir l’humidité tout en offrant un très bon drainage.

Comme substitut à la pumice on peut employer de la perlite, des chabazites, de la pouzzolane,de l’argile expansée, du sable ou des graviers, voir un mélange de ces différents composants. Certains cultivateurs utilisent aussi du charbon ou des écorces qui apportent de la matière organique tout en restant drainantes.

pumice
Pumice italienne 3/7mm
cycas pumice
Cycas panzhihuaensis rooted in pumice

A noter qu’il est préférable de ne pas employer de substrat trop calcaire (sauf pour les espèces qui le tolèrent très bien) et à pH trop basique pour des questions de biodisponibilité des minéraux. On préférera un substrat légèrement acide pour un développement optimal. Deux carences fréquentes chez les Cycadales sont le magnésium (l’extrémité des folioles jaunit) et le manganèse (les feuilles jaunissent et se dessèchent).

Rempotage

Les racines des Cycadales sont fragiles et il est indispensable d’en tenir compte lors du rempotage. Toute racine abimée est un point d’entrée possible pour un pathogène. Il est donc préférable d’attendre que la plante aie le pot rempli de racines avant de rempoter. En aucun cas il faut tirer sur la plante si elle ne vient pas lorsqu’on la dépote car cela provoque un stress mécanique sur les racines qui n’est pas forcément visible mais dont les conséquences peuvent être désastreuses à moyen terme. Il vaut mieux sacrifier le pot en le découpant/cassant plutôt que de risquer d’abimer les racines.

En milieu tempéré, les Cycadales n’aiment pas être rempotées fréquemment car suite au rempotage, il leur faut un peu de temps pour repartir. Ainsi, il est préférable d’utiliser un pot un peu trop grand que trop petit même si la plante peut paraître ridicule au début. De plus, la quantité de substrat importante permet d’éviter un éventuel dessèchement des racines.

Il est d’usage d’utiliser des pots plus hauts que larges, surtout pour les plantules qui vont produire une racine pivot pouvant descendre assez profond.

Concernant la période de rempotage, il est préférable de s’en tenir aux périodes chaudes (milieu du printemps-milieu de l’été) afin de laisser le temps à la plante de s’installer dans son nouveau pot avant que les températures ne redescendent.

Attention aussi à l’exposition du pot. Un pot en plein soleil peut connaître une élévation de température très importante et la surchauffe peut rapidement tuer les racines.

Enfin, pour une culture optimale, il faut tenir compte de la profondeur de plantation. De nombreux cultivateurs ont tendance à vouloir faire émerger le caudex des jeunes plantules afin de prévenir la pourriture. En milieu sec cette technique ne semble pas être optimale et peut causer le dessèchement du caudex (ou de la base de celui ci). Dans la mesure où le substrat est drainant, on peut enterrer le caudex sous 1-2cm de substrat sans aucun problème.

Cas particulier : les graines germées

Un problème fréquent avec les graines germées de certaines espèces, notamment les Zamia tropicaux, est la pourriture. De mon expérience, semer les graines en substrat 100% minéral donne de très bon résultats (dans la mesure où il reste bien humide) et l’absence de matière organique semble prévenir les attaques fongiques.

A noter que pendant plusieurs mois ( jusqu’à 1 an pour certaines espèces) la plantule va se nourrir des réserves contenues dans la graine. Ainsi, les questions de l’engrais et de la matière organique ne se posent pas pour les jeunes semis. Lorsque la plantule est bien établie, on peut la rempoter dans un substrat avec engrais.

Culture en pleine terre

Certaines espèces peuvent être cultivées en pleine terre dans les régions où le climat le permet. Pour garantir le succès de l’installation de la plante, il faut considérer certains aspects communs à la culture en pot.

Afin d’augmenter les chances de reprise, un premier aspect à considérer est la santé de la plante. Il est préférable d’installer en pleine terre une plante bien installée dans son pot avec une bonne masse racinaire.

Il est rare que le sol de nos jardins soit adéquat en l’état pour planter une Cycadale. Il est nécessaire de le préparer et de s’assurer du drainage. Ainsi, il peut être utile de former un monticule de substrat afin de permettre à l’eau de s’écouler plus facilement.

Une des technique de plantation ayant fait ses preuves est l’utilisation de « lits » ou massifs surélevés. Après avoir retourné le sol, on construit un petit muret à hauteur et forme désirées et on remplit le massif du substrat adéquat (mélange de terre, graviers, sable etc…). La surélévation du massif permet un bon écoulement de l’eau et l’emploi de pierres permet d’emmagasiner la chaleur qui sera restituée la nuit. Les plantes peuvent reprendre leur croissance racinaire dans leur substrat idéal et si nécessaire, plonger dans le sol sous le massif.