Cet article concerne les pathologies fréquemment rencontrées en Europe. En condition tropicales, les pathologies sont plus diverses et parfois différentes. Cette liste n’est pas exhaustive et d’autres pathologies seront ajoutées au fur et à mesure.
Insectes & co :
L’Europe continentale n’ayant aucune espèce de Cycadale native, nous avons la chance de ne pas avoir de parasites spécifiques à ces plantes. De plus, l’absence de climat tropical est probablement ce qui a permis d’éviter l’introduction de parasites des régions d’origines des Cycadales.
On pourra noter que les insectes parasitant ces plantes dans leurs régions d’origines sont très variés. On citera notamment la cochenille asiatique du Cycas (Aulacaspis yatsumatsui) , originaire d’Asie du Sud-Est et causant des ravages dans de nombreuses zones tropicales où elle a été introduite. Différent charançons natifs d’Afrique du Sud et des Caraïbes ou encore le papillon bleu du Cycas ( Theclinesthes onycha ) originaire d’Australie. Toutes ces espèces étant absentes d’Europe, il est primordial de bien contrôler et mettre en quarantaine toutes les plantes issues de ces régions. Même s’il existe des contrôles phytosanitaires, le risque d’introduire un ravageur est présent. C’est notamment le cas avec les palmiers et l’introduction de Paysandisia et Rhyncophorus qui provoque des ravages sur le pourtour méditerranéen (à noter que les Cycadales ne sont pas affectées par ces deux ravageurs). Ces ravageurs nécessitent de traiter les Cycadales très fréquemment dans de nombreux milieux tropicaux, ce qui n’est (pour le moment) pas le cas en Europe continentale.
Cochenilles : Les cochenilles (farineuses, armées) sont les parasites les plus fréquents. Elles prospèrent sur des plantes fragilisées et dans des conditions de culture confinées (intérieur, serre).
Ces insectes suceur de sève se cachent souvent sur la face inférieure des feuilles, on remarque leur présente avec des nouvelles feuilles déformées et des décolorations sur les feuilles matures. A termes, les cochenilles peuvent fortement endommager voir tuer la plante.
Pour les contrôler on peut employer différentes techniques avec des insecticides spécialement conçus pour les cochenilles ou encore du pyrèthre pour une alternative biologique. Une autre technique consiste a employer un mélange d’eau, de savon noir et d’alcool a brûler (l’inconvénient de cette technique est qu’elle nécessite des traitements très fréquents pour être efficace).
Une des principale difficulté liée aux cochenilles vient du fait qu’elles se cachent entre les écailles du caudex ce qui rend difficile leur éradication.
A noter qu’à cause du métabolisme lent et/ou de la cuticule épaisse des feuilles, de nombreux insecticides systémiques ont une efficacité faible sur les Cycadales.
Gastéropodes : Même si les Cycadales ne constituent pas la nourriture de choix pour les escargots et limaces, il arrive qu’ils s’attaquent aux feuilles émergentes. Il est important de bien protéger les nouvelles feuilles jusqu’à ce qu’elles soient complètement développées. Les Cycadales ne produisant des feuilles qu’une à deux fois par an, il est primordial de s’assurer que ce développement se déroule sans encombre.
Cas particulier : les Zamia tropicaux
Un phénomène peu commun en Europe (mais qui arrive quand même) est celui de l’apparition de taches sur les feuilles, notamment des Zamia tropicaux. Il peut s’agir de points nécrotiques isolés ou de nécrose commençant à l’extrémité des feuilles. Il s’agit généralement d’un champignon nommé Mycoleptodiscus indica. En général, ses effets sont principalement esthétiques sous nos latitudes mais dans des cas extrêmes il peut se propager au caudex et tuer la plante. La première étape importante consiste à couper les feuilles à la base du caudex et les détruire loin du lieu de culture. Ensuite on peut employer un fongicide en application foliaire. Ce problème étant rare, il n’y a pas eu d’essais avec des traitements disponibles en Europe à ce jour.
Pourriture
Un des problème les plus fréquent lorsqu’on cultive des Cycadales est la pourriture, soit des racines soit du caudex. Un inconvénient majeur de ces plantes vient du fait que lorsqu’on s’aperçoit de la pourriture il est bien souvent trop tard, les feuilles s’affaissent et le caudex se délite.
La pourriture racinaire est généralement causée par un substrat pas assez drainant et/ou un stress racinaire (sécheresse, stress mécanique). Il est difficile de juger l’état du système racinaire vu qu’il se situe sous terre mais en culture en pot une plante saine aura souvent des racines qui sortent par les trous de drainage.
Si on s’aperçoit d’une pourriture racinaire, par exemple lors du rempotage, il convient d’éliminer toutes les racines atteintes et de traiter avec un fongicide large spectre. On peut alors rempoter dans un substrat adapter en faisant attention aux arrosages pour ne pas aggraver le problème. Si le système racinaire est gravement atteint, il est préférable d’éliminer la majorité des feuilles afin d’éviter une déperdition d’eau trop importante.
L’autre type de pourriture affecte directement le caudex avec bien souvent un système racinaire sain. Il peut venir d’un stress mécanique, d’un excès d’arrosage par le dessus (notamment lorsqu’on arrose par aspersion) ou, plus rarement, de dommages liés à des insectes perceurs tels que les charançons.
En règle générale, on traite se type de pourriture en éliminant les parties atteintes et en saupoudrant un fongicide sous forme solide. On veille ensuite à ne pas arroser les parties en cours de cicatrisation. A noter que même si la plante perd une grosse partie de son caudex, elle peut tout de même repartir mais c’est un processus très lent.
Attention à la manipulation des plantes ayant un gros caudex : il faut être délicat dans la mesure où des chocs peuvent causer des lésions internes qui ne se verront pas et pourrons provoquer la pourriture.
Carences
Pour bien comprendre comment apparaissent les carences, il est nécessaire de se pencher sur le métabolisme des Cycadales. Ce sont des plantes à croissance lente qui vont stocker de l’énergie sous forme d’amidon dans leur caudex et s’en servir pour produire des feuilles. Ainsi, on se rend compte que les effets d’une carence se traduisent plusieurs mois après le manque de nutriments. Et il en va de même pour les corrections apportées à la fertilisation : il faut parfois plusieurs mois ou « flush » (nouvelles couronnes de feuilles) pour que les effets bénéfiques se fassent ressentir. Et d’une manière générale, des feuilles affectées par une carence, telle que la carence en azote qui les rend jaunâtres, ne reverdiront pas même après actions correctives.
Azote/fer : Nouvelles feuilles jaunâtres qui ne reverdiront pas même en cas d’action corrective. Peut arriver sur des plantes fraîchement racinées. Attention aussi à l’apport de matière organique dans le sol : le ratio Carbone/Azote de la matière organique est à prendre en considération. Lorsqu’il est déséquilibré en faveur du carbone, les bactéries et champignons dégradant la matière organique vont utiliser de l’azote pour le processus de décomposition, azote qui n’est donc pas disponible pour la plante. Les actions correctives consistent généralement en un apport d’engrais régulier. A noter que les engrais à libération lente permettent généralement de se prévenir de ce genre de carences. Il est souvent difficile de différencier les carences en fer de celles en azote chez les Cycadales, d’où l’importance de connaître la qualité du sol et de l’eau.
Magnésium : Jaunissement l’extrémité des folioles. Un cas fréquent est celui du Cycas revoluta « Aurea » qui présente tous les symptômes de la carence en magnésium. Même s’il est probable que certaines plantes aient plus de mal à assimiler le magnésium que d’autres, ces Cycas revoluta « Aurea » sont absent des cultures de plein champs fertilisées de manière adéquate. Une action corrective consiste en l’application de sels d’Epsom (sulfate de magnésium). Chez d’autres espèces, cette carence peut se traduire par des bandes jaunes sur les feuilles.
Manganèse : Chloroses (décolorations) des feuilles qui peuvent aboutir au brunissement. C’est une carence fréquente, surtout pour les espèces issues de milieux acides. En effet, la disponibilité du Mn est très faible à pH élevé (basique) et une forte quantité de phosphore la diminue encore plus. Cette carence est connue sous le nom de « frizzletop ». Pour éviter ce genre de carences, on peut incorporer du souffre au sol pour réduire le pH ou du manganèse sous diverses formes. Les plantes n’ont pas besoin de cet élément en grande quantités cependant.
Il existe d’autres carences possibles mais elles sont peu connues. Le plus important reste de connaître l’environnement chimique de la plante et fertiliser en conséquence.
Dommages liés à l’environnement :
Sur les feuilles : Plusieurs origines concernant les dommages aux feuilles avec notamment la grêle qui provoque des tâches jaunes sur les feuilles ainsi que ceux liés à la manipulation des feuilles. Les folioles/feuilles pliées pendant le transport ont tendance à sécher à cause de la coupure des vaisseaux transportant la sève.
On observe parfois des brûlures dues au soleil qui arrivent lorsqu’on déplace les plantes d’un milieu ombragé (intérieur, serre etc…).
Ces dommages sont irréversibles mais les feuilles suivantes seront saines. A noter que si les feuilles sont toujours partiellement vertes il n’est pas nécessaire de les couper puisqu’elles continuent d’apporter de l’énergie à la plante.
Le froid peut causer des dégâts foliaires importants selon les espèces , il se traduit par des feuilles d’aspect brûlé. Si le caudex n’a pas été affecté par le froid, de nouvelles feuilles seront produites lorsque les conditions seront favorables.
Sur le caudex : Lors de la manipulation des plantes on peut endommager le caudex, ce qui se traduit souvent par de l’exsudation de sève. Il arrive aussi que des feuilles cassent à la base lors de grands vents ou lorsque les feuilles sont étiolées et croulent sous leur propre poids. Ces dommages constituent des points d’entrée pour les champignons et il est préférable de les traiter en conséquence.
A noter que lorsqu’il pleut et que l’humidité est élevée, on peut observer une sorte de gelée se former. En général, il s’agit de sève séchée, due à un traumatisme antérieur, qui se réhydrate. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter. Par contre, si en période sèche la plante a tendance à produire de la résine au niveau du caudex, il peut s’agir de dégâts internes causés notamment par des insectes.