Par Simon Lavaud – EURL Cycadales
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ATTENTION : Il s’agit ici uniquement de mon expérience personnelle, il existe autant de méthodes de culture que de cultivateurs, ce qui marche chez l’un ne marche pas forcément chez l’autre. Mes méthodes sont critiquables et probablement améliorables. Cet article a pour vocation de donner des bases de culture et est destiné principalement aux débutants.
Introduction
Cette fougère étrange et fascinante nous vient des forêts d’Asie du Sud Est où elle pousse sur les branches des arbres et bénéficie d’une assez forte luminosité ainsi que des pluies abondantes dans un climat de type tropical humide.
D’un point de vue morphologique, on distingue deux types de feuilles : les boucliers qui sont arrondis et gauffrés, et les frondes fertiles qu’on compare fréquemment aux bois de cerfs, d’ailleurs les anglophones utilisent fréquemment le mot « antlers » qui veut dire « bois » ou « ramure » pour ces frondes.
Ces deux types de frondes assurent la photosynthèse essentielle à la plante mais ont des fonctionnalités assez différentes.
Les boucliers protègent le rhizome et les racines, et ils assurent l’ancrage de la plante à son support en englobant la branche sur laquelle la plante se trouve. Un des attraits des boucliers est leur aspect gaufré : il s’agit vraisemblablement de pré-galleries destinées à abriter des colonies de fourmis symbiotiques. La plante offre le logis aux fourmis et en échange celles ci la protègent contre les prédateurs et lui apporte des nutriments via leurs déchets.
Les frondes fertiles produisent des spores comme leur nom l’indique. Ces spores se forment sous un appendice en forme de cuillère renversée et permettent à la plante de se reproduire. Mais pas que ! Les frondes sont dressées vers le ciel et ont la particularité d’être en forme de canaux, ainsi, lorsqu’il pleut, les gouttes d’eau sont dirigées vers le rhizome !
Le Platycerium ridleyi est une plante qui fascine avec son look exotique mais qui reste rare en culture en Europe. Cette espèce est réputées difficile pour une raison assez simple : les principaux producteurs cultivent en Asie du Sud Est, sous un climat humide (80 % d’humidité minimum) et chaud (souvent autour des 30°C), des conditions difficiles à réunir en Europe à moins d’avoir une serre tropicale , sans parler du choc que subissent les plantes à l’acclimatation après import…
Il se trouve que lorsqu’on cultive cette espèce à partir de spores directement sous notre climat, elles sont beaucoup plus faciles ! C’est ce qui me permet de vous proposer assez régulièrement cette espèce dans le webshop en garantissant des plantes en excellente santé déjà acclimatées à des conditions normales de culture en intérieur. Je vous propose ma méthode de culture qui est assez simple et donne de bons résultats dans des conditions variées.
Substrat :
Ces plantes épiphytes sont assez adaptables en ce qui concerne le sol a conditions qu’il soit neutre à acide, à forte composante organique et retenant bien l’humidité tout en étant aéré.
Personnellement, j’utilise de la sphaigne qui a l’avantage d’avoir un pH acide et de bien retenir l’humidité. Les P. ridleyi semblent bien s’y plaire, chez moi comme chez mes clients.
Il faut juste s’assurer que la sphaigne est bien en contact avec le rhizome et la base des feuilles pour favoriser la production de racines.
Contenant/support :
Cette espèce se cultive très bien en pots en plastique. Le seul inconvénient c’est que les boucliers ont tendance à englober le pot et donc on les abîme un peu au rempotage. Et aussi, on est obligé d’arroser par le dessous car les feuilles recouvrent le substrat au bout d’un moment.
On peut bien sur monter le Platycerium sur un support tel qu’une plaque de bois ou une branche. Les inconvénients de cette méthode sont que l’arrosage est plus difficile (surtout en intérieur!) et que le substrat a tendance à sécher plus rapidement.
Eau et arrosage:
Dans la nature, ces plantes sont arrosées à l’eau de pluie vu qu’elles sont épiphytes, je recommande donc d’utiliser de l’eau déminéralisée (= distillée, osmosée). On peut soit s’en procurer en supermarché (bidons de 5L) soit au rayon aquariophilie des jardineries (souvent si on a la carte de fidélité du magasin, il est possible de se fournir gratuitement en amenant ses bidons) ou alors on peut acheter un petit kit d’osmose inverse qui se branche sur le robinet de l’eau de ville et qui permet d’avoir de l’eau déminéralisée à volonté.
Si vous avez la chance d’avoir accès à de l’eau de pluie ou que votre eau de ville est très peu minérale, vous pouvez bien sur utiliser celle ci.
Dans l’introduction je mentionnais le fait que ces plantes boivent par la pluie sous les tropiques, la plante est donc arrosée par le haut. Sous nos latitudes j’ai tendance à déconseiller ce mode d’arrosage, pour la bonne raison que de l’eau a parfois tendance à stagner sur les boucliers et si elle ne s’évapore pas rapidement on peut observer des nécroses.
La méthode la plus simple d’arrosage est le bassinage : on met le pot dans un récipient avec un fond d’eau et on laisse le substrat l’absorber, puis on retire le pot pour qu’il ne reste détrempé.
On peut arroser chaque fois que la sphaigne commence à sécher un peu en surface. P. ridleyi est sensible à la sécheresse donc il faut éviter de le laisser sécher complètement (contrairement à superbum, bifurcatum ou veitchii qui le tolèrent très bien)
Engrais :
Pour moi l’idéal reste l’engrais à libération lente car il n’est pas agressif et il n’est pas nécessaire d’effectuer des applications très fréquentes. J’utilise un engrais Osmocote et pour avoir essayé plusieurs NPK différents, il ne semble pas y avoir de réelle différence au niveau de la croissance. En ce moment j’utilise un Osmocote 15-9-11 et obtiens des résultats très satisfaisants. Je mélange quelques grains d’Osmocote (pour une plante de 20cm de diamètre j’en mets une 20-30) et je renouvelle tous les 6 mois.
Température :
Mes plantes poussent à une température comprise entre 20°C la nuit et 28°C le jour grâce aux LED qui apportent un peu de chaleur.
Lumière :
Vu l’habitat de cette espèce, il va sans dire qu’il lui faut une intensité lumineuse relativement élevée. Ici je les cultive sous des LED de la marque BloomLed à raison d’env. 80Watt/m², les barres LED sont positionnées à 15-30cm des plantes. Bien sur, vous pouvez utiliser votre marque préférée de LED et obtiendrez des résultats équivalents ou meilleurs, du moment qu’elles sont de bonne qualité. Même si ces lampes ne produisent pas beaucoup de chaleur, c’est tout de même suffisant pour augmenter la température au niveau des plantes.
Si vous n’avez pas d’éclairage artificiel, un emplacement lumineux proche d’une fenêtre fera l’affaire. Par contre il faudra privilégier un endroit suffisamment chaud pour avoir un croissance acceptable si vous ne chauffez pas beaucoup (20-22°C sont suffisants)
Ravageurs :
Attention aux escargots et limaces ! Le ridleyi est un véritable aimant pour eux et les feuilles tendres n’y résistent pas.
Les autres ravageurs communs aux plantes d’intérieurs sont aussi susceptibles d’affecter les Platycerium, alors il faut rester vigilant avec observations fréquentes et surtout quarantaine lors de l’achat de nouvelles plantes.
Des questions ? N’hésitez pas à me contacter via le formulaire de contact. Sinon, toutes les dispos se trouvent dans la boutique dans la section Platycerium !
Simon Lavaud, EURL Cycadales
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Liens utiles:
Page wikipedia sur le genre Platycerium (en anglais) : https://en.wikipedia.org/wiki/Platycerium
Groupe facebook anglophone dédié aux Platycerium:
https://www.facebook.com/groups/169581857915